Janet LaFrance, qui occupe encore le poste de directrice générale du Centre du patrimoine, explique l’impact et l’importance de l’exposition au sein de la communauté. « En tant que héros culturel, Georges Forest fait partie de notre panthéon. Le célébrer sur son 100e anniversaire est une façon de rassembler la communauté, ainsi que des gens qui l’ont connu pour raconter des histoires et partager la mémoire collective », souligne-t-elle. « Georges Forest avait un esprit revendicateur, et je crois qu’en ce moment, il y a des choses qui arrivent dans le monde où il est important d’avoir cet esprit-là, de se prononcer sur des choses et d’espérer de créer des changements positifs. »

La commissaire de l’exposition, Annie Langlois explique que Georges Forest avait légué ses archives à la Société historique de Saint-Boniface. « J’ai passé énormément de temps à fouiller dans toutes ses archives, à lire toutes les lettres qu’il avait écrites. Il y avait beaucoup d’information pertinente que j’aurais voulu inclure dans l’exposition. Mais malheureusement, faute d’espace, j’ai dû faire un choix. Finalement, j’ai voulu montrer qui était cet homme, faire un portrait global et pour monter ce qu’il a fait pour la communauté. »

Des mots de ses proches

Claude Forest, le fils aîné de Georges Forest raconte que l’exposition « est un rappel, un souvenir de ce qui l’animait. » « Annie [Langlois] a fait un très bon travail à rassembler les faits essentiels du parcours à Georges. Ça permet au gens qui ne l’ont pas connu ou les générations qui ont suivi de percevoir quelles étaient les pressions que la communauté subissait. »

L’exposition créée au fil des deux dernières années sera exposée au centre du patrimoine jusqu’en 2026.

Dans sa lutte pour une province bilingue, Georges Forest est devenu une icône de l’histoire manitobaine. En 1976, le co-fondateur du Festival du voyageur décida de défendre les droits linguistiques des francophones après avoir reçu une contravention de stationnement unilingue (anglaise). Il remporta la victoire et demanda que la Official Languages Act de 1890 soit déclarée inconstitutionnelle.

L’impact législatif

Pour Robert Loiselle, député provincial de Saint-Boniface, Gorges Forest « est un incontournable » quand on parle de l’histoire du Manitoba. « Louis Riel a fondé une province bilingue, mais en 1890 le gouvernement a fait passer le Official Language Act (qui établissait l’anglais comme étant la seule langue officielle du Manitoba). De 1890 jusqu’à 1982, toutes les lois au Manitoba étaient unilingue anglais. L’affaire Forest a mis la lumière sur le fait que le Manitoba est une province bilingue, et que toutes les lois devraient être traduite en français pour avoir force égale devant les tribunaux.

« C’est grâce à lui que je peux m’exprimer en français au Palais législatif, où tous les documents qu’on reçoit sont bilingues. On doit beaucoup à Georges Forest, c’était un homme courageux. Il a donné sa vie pour sa communauté, et aujourd’hui on vit dans son rêve. »

La fille de Claude Forest, Andrée Forest, partage la signification de cet évènement en mémoire de son grand-père. « Le partage de l’histoire de grand-papa est tellement important dans l’histoire du Manitoba. Mais aussi dans le contexte canadien. C’est difficile de nos jours, je pense, d’imaginer une lutte linguistique parce que ça ne fait pas partie de notre expérience.

« Ça fait chaud au cœur de pouvoir réfléchir aux moments qui ont fait que nous pouvons vivre en français à Winnipeg, ainsi que le travail des nombreuses personnes qui ont continué à défendre la langue et nos droits linguistiques. »