Elle a remplacé Julie Reid qui était en poste depuis 2009. Toutes les deux évoquent ce métier, leurs défis et l’avenir.

C’est en pleine phase de transition que nous rencontrons les deux femmes. Un premier défi, car les deux archivistes n’ont eu que quelques semaines ensemble pour évoquer les dossiers en cours. « Eva a eu une expérience avant ça de chercheuse au Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR). Ce qui a fait qu’on avait déjà été en contact. Mais depuis qu’elle est là, on passe du temps ensemble et j’essaie de mon côté d’organiser un manuel pour l’aider dans la formation qui avait été initiée pendant la pandémie, mais il avait besoin d’une mise à jour », explique Julie Reid.

Eva Janssen, passée par l’Université du Manitoba et la Western University en Ontario, est encore en phase d’observation et passe à travers toutes ses tâches. Elle espère s’améliorer avec le temps. « C’est si intéressant de voir tout ce qu’il se passe dans les archives. Nous avons notamment beaucoup de demandes liées aux écoles résidentielles et aussi à la généalogie. Je pense me débrouiller de mieux en mieux, petit à petit. »

Une équipe accueillante

Alors qu’elle avait participé à une tournée de la SHSB quand elle était à l’Université du Manitoba, la nouvelle archiviste en chef explique ce que ce lieu représente pour elle. « C’est le coeur de la communauté franco-manitobaine. C’est tellement important de la protéger par la langue, la culture et l’histoire. Je suis très honorée de pouvoir contribuer à cette mission. Je suis très chanceuse de me retrouver avec cette belle équipe. Tout le monde a été très accueillant », dit Eva Janssen.

Julie Reid, qui va continuer sa carrière en tant que bibliothécaire à l’Université du Manitoba, donne quelques conseils à Eva Janssen. « Un jour à la fois, une demande à la fois, connaître ses priorités, travailler avec l’équipe. On a une très belle équipe maintenant. Quand j’ai commencé, c’était juste le directeur et moi-même. Maintenant, on a une équipe complète et des bénévoles. Il ne faut donc pas avoir peur de demander de l’aide. Et c’est une bonne chose que de nouvelles personnes avec de nouvelles idées nous rejoignent. »

Avant sa dernière expérience au CNVR, Eva Janssen a commencé sa carrière en tant que journaliste dans un quotidien en Ontario, puis est passée par le bureau des dons de l’Université du Manitoba. « Ma force, c’est l’écriture. Je travaillais aux communications, je faisais les rapports annuels, les propositions, la correspondance pour le président de l’université ou encore les subventions. Faire des demandes de subventions, c’est une des choses que l’on a besoin de faire ici et pour lesquelles j’ai de l’expérience. »

Un métier en transition

Dans l’actualité depuis plusieurs années, les écoles résidentielles ont aussi eu un impact majeur sur le travail des archivistes. Julie Reid évoque ce qui a changé depuis notamment 2021 et les découvertes macabres à Kamloops. « Chaque année, nous avons des plans et des projets. Quand la nouvelle à propos de Kamloops est sortie, tout ce qu’on avait envisagé dans un futur proche a été mis de côté. D’un coup, nous avions une pression des Oblats, du public, des médias, des gouvernements, du CNVR pour savoir ce qu’on avait ici et ce qui avait été transféré. Ça fait donc trois ans que nous mettons une priorité sur les archives des Oblats. Ça a changé la manière de traiter les archives à la Société historique. Bien sûr, ça a aussi presque doublé pendant un temps le mon-tant de demandes pour des recherches. »

Hausse des demandes, transition numérique ou encore intelligence artificielle (IA), le métier d’archiviste est en constante évolution. Une réalité qu’observe de très près Eva Janssen, qui souhaite faire rentrer de nouvelles technologies. « On apprend. On essaie de voir où ça nous amène. C’est totalement un nouveau champ à traverser en tant qu’archiviste. » « On est plutôt chanceux au Manitoba, car on est l’avant-garde en ce qui concerne les programmes de fichiers nés numériques. Quant à l’IA, je ne m’y connais pas trop, mais peut-être que ça peut nous aider dans le futur pour l’identification des photos », imagine Julie Reid.