Avec des informations de Jonathan Semah
Des années 1950 jusqu’aux années 1990, des Canadiens et Canadiennes travaillant dans les Forces armées canadiennes, la Gendarmerie royale du Canada et dans la fonction publique fédérale ont été la cible de discrimination en raison de leur orientation sexuelle. Cette période se nomme la purge LGBTQ+. Martine Roy en a été une victime. Elle raconte. « Je suis rentrée dans les Forces armées canadiennes en 1983 comme assistante médicale. En 1984, j’ai été arrêtée durant l’exercice de mes fonctions. J’ai été interrogée pendant deux jours à la suite, j’ai dû voir un psychiatre. Puis, j’ai été congédiée. »
L’histoire de Martine Roy n’est malheureusement pas unique au pays comme elle l’explique si bien. « Mon traitement n’est pas différent de celui d’autres personnes. On estime alors que 9 000 personnes ont subi le même sort. »
Pour autant, il semble que cette histoire ne soit pas autant mise en avant que d’autres discriminations historiques envers les membres de la communauté 2SLGBTQ+. « Le problème, c’est qu’après 1992, il n’y a eu aucune sensibilisation, aucune politique de diversité, équité, inclusion, aucune autorisation de regroupement pour les employés qui s’identifient 2SLGBTQ+. Pendant 22 ans, rien ne s’est passé. »
Un fonds de sensibilisation
Il aura donc fallu attendre 2014 pour que les survivants de cette purge demandent des excuses. Martine Roy est l’une des personnes qui a intenté un recours collectif contre le gouvernement fédéral.
« En 2016, le recours collectif a donc mené à un versement de 145 millions $ dont 110 millions $ étaient pour les victimes. Le reste a permis la création d’un fonds, le Fonds Purge LGBT.
« Ce fonds permet justement de mener cette sensibilisation, pour raconter nos histoires et surtout tenter de changer les choses. Nous avons rédigé une étude Au lendemain de la purge qui est distribuée un peu partout au Canada. Il y a aussi un monument qui est en train d’être érigé à Ottawa. »
Parmi toutes les actions de ce fonds, il y a notamment le mandat qui a été confié au Musée canadien pour les droits de la personne. « En 2017, le Musée a reçu le mandat de mettre sur pied une exposition sur la purge LGBT. C’est une exposition qui va voyager et mener à bien ce travail de sensibilisation. »
Cette exposition ouvrira ses portes l’année prochaine.
Des personnes à part entière
En parallèle de son engagement pour faire reconnaître cette période, Martine Roy a néanmoins observé des progrès partout au pays pour les droits des personnes qui s’identifient 2SLGBTQ+. « Dans l’armée, ils ont changé le code vestimentaire, ils ont un département de la culture. Dans la fonction publique, il y a un regroupement d’employés 2SLGBTQ+. Il y a beaucoup d’avancées. Et je pense que c’est pour ces raisons qu’il y a des mécontents. »
Pour terminer cette entrevue, Martine Roy a tenu à partager un message qui devrait être amplifié. « Dans la vie, plus tu gagnes de choses, plus tu as de l’attention, plus tu as des mécontents. Malgré tout, même s’ils essayent de nous faire front, on en a vu d’autres. Ce qui est important dans la vie c’est d’être authentique, c’est quelque chose qui va au-delà de l’orientation sexuelle, du genre, de la couleur de peau. Ce qui compte ce sont les personnes.
« Il y a des reculs à certains endroits. Nous devons rester vigilants tout en travaillant tous ensemble. En fin de compte, l’orientation sexuelle de la personne ne change pas qui elle est. »
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté