Entre attentes de revalorisation salariale et budget serré, la situation pourrait s’enliser, une fois de plus.
Depuis le mois de mai 2024, les trois unités syndicales de l’Université de Saint-Boniface sont en négociations pour la ratification d’une nouvelle convention collective qui doit couvrir la période allant du premier août 2024 au 31 juillet 2028.
Ainsi, Association des professeurs et professionnels de l’Université de Saint-Boniface (APPUSB), Association des professeurs d’études collégiales (APEC) et le syndicat du Personnel à l’appui des services académique (PASA) ont repris les discussions avec la partie patronale.
« Et les choses se corsent un peu », souligne Patrick Noël, professeur agrégé d’histoire et président de l’APPUSB. Un constat qui inquiète un peu les syndicats, compte tenu du fait que les négociations pour la dernière entente, celle qui s’est terminée en août 2024, avaient duré près de trois ans. 995 jours, selon Patrick Noël qui parle d’un « triste record ».
Jusqu’à date, selon les deux parties, la grande majorité des dossiers a pu être traitée, cette fois encore, la partie qui pose un problème est celle de l’offre salariale.
Toujours selon les informations de Patrick Noël, le mardi 22 avril, l’USB a fait une offre d’augmentation salariale de 6 % sur quatre ans. Un chiffre que l’Université n’est pas en mesure de confirmer puisqu’elle indique ne pas pouvoir se prononcer sur ce qu’il se passe à la table des négociations.
L’offre en tout cas est trop loin des attentes de l’APPUSB, à tel point que le syndicat se prépare à voter un mandat de grève le 20 mai, « si l’administration n’augmente pas considérablement son offre ».
« Il faudrait que l’augmentation se chiffre dans les 20 % sur quatre ans, indique le président de l’APPUSB. »
L’objectif ici est clair.
« Le mandat que nos membres nous ont confié est d’obtenir la parité salariale avec nos confrères anglophones. En 2016, nous étions en parité parfaite avec les professeurs des Universités du Manitoba et de Winnipeg. Depuis, nous avons continué de perdre du terrain. »
Une offre moins importante pourrait malgré tout être acceptée, si des solutions créatives sont trouvées.
À titre d’exemple, pour l’entente signée en septembre 2023, l’APPUSB demandait une augmentation de 12 %. Finalement la clause de l’entente comprenait une augmentation de 8 % étalée sur quatre ans, mais une revalorisation des échelles salariales de 4 % avait également été prévue sur la dernière année.
Les négociations sont pour le moment toujours en cours.
Côté USB
Il convient alors de se demander si l’USB se trouve dans une situation financière qui lui permettrait de répondre aux attentes de ses professeurs.
De fait, c’est un peu délicat.
C’est Nathalie Roche, directrice des communications de l’USB qui rappelle que le mandat de l’USB est d’assurer la pérennité de l’éducation post-secondaire en français au Manitoba.
« Cela signifie que l’on doit soutenir nos membres du personnel, notre corps professoral et notre population étudiante aussi, mais nous devons aussi viser une viabilité financière afin de maintenir nos programmes et nos services. »
En ce sens, le besoin d’un équilibre et d’une bonne santé financière plane au-dessus de la table des négociations du côté de l’employeur.
Pour l’APPUSB et son porte-parole ici, la question des salaires en est une qui relève de l’équité linguistique.
Patrick Noël, en soulignant encore le « fossé » salarial avec les homologues anglophones, argue la chose suivante : « L’Université est fière de défendre les principes de diversité, d’équité et d’inclusion mais elle accepte de nous considérer comme des universitaires de seconde zone. »
Du côté de l’USB, on se défend en rappelant ce qui fait sa particularité ici au Manitoba, à savoir son rôle communautaire et son mandat provincial de servir une francophonie en situation minoritaire.
« Nous sommes une Université de petite taille, environ 1 500 étudiants. Cela ne nous octroie pas les mêmes économies d’échelles que peuvent avoir les universités de la majorité. Alors on a des réalités budgétaires et structurelles que l’on doit tenir en compte pour assurer la pérennité de l’éducation post-secondaire en français. »
Dans les états financiers publics de l’université, pour l’exercice terminé au 31 mars 2024, les revenus de l’USB s’élevaient à 43 129 181 $, ses dépenses étaient de 41 962 195 $. L’USB terminait donc l’année avec un surplus de 1 787 900 $.
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