Par Agnès BUN avec Marion THIBAUT à Montréal.
Cela en raison des coups de boutoir de Donald Trump qui a réitéré sa volonté d’annexer son voisin.
Deux candidats distancent les autres dans les intentions de vote : le candidat libéral et actuel Premier ministre Mark Carney et le chef des conservateurs Pierre Poilievre, avec une longueur d’avance pour le premier.
Mais le nom qui ne figure sur aucun bulletin de vote tout en étant dans toutes les têtes, c’est celui du président américain Donald Trump qui a hanté cette campagne des législatives canadiennes.
Lundi matin, il a de nouveau parlé d’effacer la “ligne artificielle” qui sépare les deux voisins estimant que cela ne pouvait apporter que “du positif”.
Une déclaration qui n’a pas tardé à faire réagir Pierre Poilievre qui a vu ses chances de devenir Premier ministre s’amenuiser à mesure que la campagne se focalisait sur Donald Trump.
“Président Trump, restez en dehors de notre élection”, a-t-il déclaré sur X. “Le Canada sera toujours fier, souverain et indépendant, et nous ne serons JAMAIS le 51e État”.
La question qui agite les électeurs canadiens depuis des semaines est bien de savoir qui est le plus à même de défendre les intérêts canadiens dans ce moment charnière pour le pays?
– “L’heure est à l’expérience” –
Entré dans l’arène politique il y a seulement un mois, Mark Carney s’est efforcé de convaincre les électeurs que son parcours faisait de lui le candidat idéal pour gérer cette crise que vit le pays avec des droits de douane qui affectent déjà des secteurs clés comme l’automobile et l’acier.
Cet ancien banquier et ex-gouverneur de la banque du Canada et d’Angleterre, promet pour y faire face de “réinventer” l’économie canadienne.
“J’ai déjà géré des économies et des crises. L’heure est à l’expérience, pas à l’expérimentation”, a lancé cet anglophone de 60 ans, né dans l’ouest de ce pays bilingue et dont le français est limité.
En face, le chef conservateur, homme politique de carrière de 45 ans, veut que le pays, 9e puissance économique mondiale, tourne le dos aux libéraux. Il promet de réduire les impôts, les dépenses publiques et de s’attaquer à l'”idéologie woke”.
“Nous ne pouvons pas supporter quatre années supplémentaires comme cela”, a-t-il estimé lors des derniers jours de campagne parlant d’une trajectoire menant à plus “de désespoir, plus d’inflation”.
Dans cet immense pays, qui s’étale sur six fuseaux horaires, près de 29 millions d’électeurs sont appelés à voter mais plus de sept d’entre eux ont déjà fait leur choix par anticipation, une participation record.
Les résultats devraient être connus quelques heures après la clôture du vote, à 19H00 côté Pacifique.
– “Panique” –
“C’est une élection unique”, lâche Hamza Fahri, qui est ingénieur à Montréal. “J’ai vraiment changé d’avis récemment. Avant, je voulais que les libéraux partent”.
“Mais finalement je vais voter Carney car c’est un homme fort, sérieux et pour faire face à Trump, c’est ça, dont le pays à besoin”, affirme l’homme de 28 ans.
Mais dans le camp d’en face, les partisans de Pierre Poilievre rêvent de changement après dix années de gouvernement du libéral Justin Trudeau.
“Je ne suis pas d’accord avec la façon dont les Libéraux gouvernent notre pays. Il faut que cela change”, affirme Kelsey Leschasin qui habite dans la province rurale de la Saskatchewan.
À Ottawa, Caroline Jose s’inquiète car les menaces de Donald Trump ont plongé les électeurs dans “une sorte de panique” et des enjeux cruciaux comme les inégalités sociales n’ont pas été abordés.
“J’aimerais que les gens puissent voter intelligemment et non avec leurs tripes” a déclaré la quadragénaire.
Selon les derniers sondages, les libéraux sont crédités de 42,8 % des voix et les conservateurs de 39,2 %.
Les autres partis – le Nouveau parti démocratique, le Bloc québécois et les Verts – pourraient subir de lourdes défaites, victimes en partie du vote utile.
bur-tib/eml