Il aura donc fallu plus d’un siècle et demi pour que le gouvernement fédéral reconnaisse enfin que le Manitoba a produit une avocate et une juge digne d’occuper cette fonction.

Marianne Rivoalen est la cinquième francophone à occuper ce poste après Joseph Dubuc (1903–1909), James Prendergast (1929–1944), Alfred Monnin (1983–1990) et Richard Chartier (2013–2023). En succédant à Richard Chartier, elle crée un autre précédent, puisque pour la première fois deux francophones se suivent comme juge en chef du Manitoba.

De plus, l’Université de Saint-Boniface peut s’enorgueillir du fait que les trois derniers juges en chef francophones du Manitoba ont été des diplômés de cette institution. Et ils partagent une autre caractéristique importante : tous ont contribué bénévolement à la francophonie manitobaine. À l’instar d’Alfred Monnin, Richard Chartier et Marianne Rivoalen ont été actifs dans nombre d’organismes communautaires.

Richard Chartier a été, entre autres, président des conseils d’administration du Centre d’accès communautaire du Centre de santé Saint-Boniface, du Centre Taché et du Foyer Valade, et vice- président de celui de l’Hôpital Saint-Boniface. On se souvient particulièrement de lui comme l’auteur du rapport déposé en 1998 Avant toute chose, le bon sens qui a mené à la révision des services en français offerts par le gouvernement du Manitoba.

Pour sa part, Marianne Rivoalen, outre son parcours professionnel impressionnant qui l’a menée jusqu’à la Cour d’appel fédérale, a présidé ce qui était alors la Société franco-manitobaine de 2000 à 2003, de même que Pluri-elles et l’Association des juristes d’expression française du Manitoba. Sa nomination assure que l’ensemble de la magistrature du Manitoba continuera d’être guidée par une personne qui connaît bien la francophonie et qui sera sans doute sensible à ses aspirations en ce qui regarde l’accès à la justice en français.

À plusieurs reprises au cours des dernières années, le juge en chef de la Cour suprême du Canada, Richard Wagner, a insisté sur l’importance de maintenir et de renforcer la confiance des Canadiennes et des Canadiens dans le fonctionnement et la crédibilité de la Cour suprême. Une préoccupation qui vaut pour tous les autres tribunaux du pays.

D’évidence, le choix de Marianne Rivoalen répond à cette exigence essentielle à toute démocratie. Justin Trudeau a opté pour la bonne manière d’y arriver.