Le monde de la mode en est un de l’expérimentation, du mélange de cultures et de pratiques. Marie Rosette Mikulu, qui a fondé l’entreprise Inspire d’Elykia, a créé une robe pour le Festival du Voyageur en 2022. Eric Plamondon, artiste et président du Festival du voyageur, impressionné par son travail, a souhaité lui-même avoir un vêtement fait par la couturière.

Comme l’explique Marie Rosette Mikulu, « Eric avait vu ça et il avait tellement aimé. Alors, il m’avait contactée directement juste après me disant qu’il aimerait qu’on crée quelque chose ensemble pour lui, afin qu’il puisse être capable de le porter cette année. »

Eric Plamondon souhaitait une certaine équivocité dans la manière dont le vêtement jouait sur des normes féminines et masculines de la mode. « La robe a tendance à être un peu classée dans la mode féminine et le manteau à quelque chose d’un peu plus masculin. La forme du vêtement est quand même libre à l’interprétation, que ce soit l’un ou l’autre. Jouer avec ça, c’est ce qui était intéressant pour moi, surtout comme Autochtone indigiqueer. »

Dans son discours lançant le Festival du Voyageur, Eric Plamondon portait cette robe conçue par
Marie Rosette Mikulu. (vidéo : La Liberté)

Liberté artistique

La liberté dans la création artistique est importante pour les deux artistes, ils gardent de bons souvenirs de leur collaboration. Marie Rosette Mikulu y voit également une indication de l’évolution de la francophonie. « Le visage de la francophonie est en train de changer récemment, donc on voulait vraiment l’interpréter dans cette tenue qu’on était en train de faire. Et puis c’était quelque chose qui était très important pour Eric, que ces deux tissus-là se retrouvent dans notre création. »

Elle ajoute, en fin de compte, « de pouvoir faire un croisement entre la ceinture fléchée et puis le tissu africain pour montrer que les deux peuvent se complémenter ».

Admirateur de l’œuvre de Marie Rosette Mikulu, Eric plamondon souligne qu’il est « plus convaincu que jamais que Marie Rosette, c’est une force culturelle africaine qui va seulement continuer à grandir à Saint-Boniface et à Winnipeg ».

Les deux tissus utilisés ont en effet chacun un riche patrimoine. Les ceintures fléchées proviennent de Etchiboy, une compagnie manitobaine, et ont été utilisées pour confectionner le haut de la robe. « C’est la ceinture fléchée des temps noirs, qui indique qu’il y a 150  ans quand même que ma culture existait dans le noir parce qu’on essayait d’assimiler et de faire disparaître notre culture », a expliqué Eric Plamondon.

Le pagne utilisé pour le bas de la robe provient du Sénégal et s’inscrit dans les styles de tissage traditionnel qui est caractérisé par des étoffes de tissus aux couleurs éclatantes avec des patrons complexes.

« Le visage de la francophonie est en train de changer récemment, donc on voulait vraiment l’interpréter dans cette tenue qu’on était en train de faire. »

Marie Rosette Mikulu

Dans l’atelier de Marie Rosette

Quant au processus de création d’un vêtement de ce genre ou d’un autre vêtement fait sur mesure, tout se fait dans l’atelier de Marie Rosette Mikulu. Rempli de machines et d’exemples de ses projets, l’atelier est un lieu qui lui permet de faire fonctionner son entreprise de couture.

Il est possible de trouver Marie Rosette Mikulu dans de nombreuses avenues de la couture. « Je fais même des robes de mariage. Et puis, je fais aussi des retouches de vêtements et je donne des cours de couture. Parce que pour moi, le but vraiment avec mon entreprise, c’est d’arrêter le gaspillage. On achète plein d’habits chaque année et puis certains, on ne porte même jamais. Le but d’un habit à mes yeux, c’est qu’il soit vraiment ajusté à tes proportions à point. »

Pour ses vêtements faits sur mesure, les frais commencent à 150 $ pouvant s’élever à des chiffres à quatre figures selon le tissu et la complexité du vêtement.

Marie Rosette Mikulu travaille actuellement sur un site web pour son entreprise, mais pour le moment il est possible de la contacter sur Instagram, Facebook ou bien par courriel. Elle a également remarqué en entrevue qu’une bonne partie de ses clients lui vient du bouche-à-oreille.

Eric Plamondon
Eric Plamondon, artiste et président du Festival du Voyageur. (photo : Marta Guerrero)

Lancer son entreprise de couture

Quand Marie Rosette Mikulu a lancé son entreprise de couture, elle a pu s’appuyer sur certains supports. « J’ai eu affaire au CDEM, ils m’ont aidée à faire l’enregistrement de mon entreprise et tout ça. »

D’autres occasions se sont également présentées pour Marie Rosette Mikulu, elle a été costumière pour le Théâtre cercle Molière (TCM). « Je serais éternellement reconnaissante parce que vraiment, c’est le TCM qui m’a formée en tant que costumière. La première pièce sur laquelle j’ai travaillé, c’est la pièce d’Amber O’Reilly en 2021. C’était Annie et Tom du lundi au vendredi, ça a été d’ailleurs adapté en livre. »

Les marchés locaux, eux aussi, ont aidé Marie Rosette à lancer son entreprise. Elle a assisté au marché Noir et Fier en 2023 et de nouveau cette année. « Ça s’est tellement bien vendu, des hauts que j’avais amenés, il ne m’en reste que deux. Comme toujours, je suis agréablement surprise et c’est toujours un plaisir d’aller au marché Noir et Fier. »

« C’est génial de rencontrer les gens et de les voir venir acheter de la couture africaine ou bien les produits africains. Et puis de rencontrer d’autres entrepreneurs comme moi. »