Originaire de Brazzaville, en République du Congo, Pierre Minkala-Ntadi est arrivé au Manitoba en janvier 2013 après un long séjour en France où il a étudié.

Aujourd’hui professeur de français à l’Université de Saint-Boniface, l’auteur a publié son troisième roman, Du rêve parisien au froid des Prairies, aux Éditions de la nouvelle plume en février 2024. Il est, d’ailleurs, le premier auteur canadien d’origine africaine à être publié par cette maison d’édition située en Saskatchewan.

Le roman raconte l’histoire d’Adolphe, un jeune adepte de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) qui a grandi dans les rues de Brazzaville. Alors qu’il rêve d’une vie parisienne, un drame va le mener jusque dans les Prairies canadiennes. « Ce livre est né d’une rencontre que j’ai eue avec de jeunes immigrants à Winnipeg, dans le cadre d’un projet de recherche sur la francophonie du Nord et de l’Ouest canadien.

« Au cours de ce forum, j’ai entendu l’expression d’un certain dépit, d’une désillusion de la part des jeunes immigrants francophones. Ils étaient déçus de leurs premiers moments au Manitoba. Les défis linguistiques étaient énormes. »

Sans réduire le roman exclusivement à cela, Du rêve parisien au froid des Prairies traite effectivement d’immigration, des défis et difficultés qui l’accompagnent. À ce propos, il très probable que beaucoup de Manitobains d’adoption, pour ne pas dire tous, trouveront un certain écho dans les premières pages du roman. Mais il s’agit aussi d’une histoire de résilience, d’adaptation et de persévérance. D’ailleurs, c’est plutôt vers cela que tend le message que Pierre Minkala-Ntadi a voulu faire passer. « Le départ est difficile, mais, si on s’y met, on finit toujours par s’en sortir. »

Reprendre à zéro

L’un des aspects de l’immigration sur lequel le livre insiste par exemple c’est celui de la reconstruction. Pour Adolphe, l’habillement fait partie intégrante de son identité. Il s’habille par amour de l’élégance, parce que ça lui donne un certain statut, parce que les vêtements sont essentiels. Pas tant pour lui que pour les autres, la façon dont ils le perçoivent.

Par -40°C, l’habillement est un moyen de survivre. L’analogie est claire, son arrivée au Canada lui a fait perdre une partie de son identité. Et c’est une notion qui concerne tous les nouveaux arrivants, pas seulement ceux qui sont adeptes de la Sape. « Quand on arrive au Canada, pas seulement au Manitoba, partout au Canada, on est obligé de reprendre la vie à zéro. Quel que soit ce qu’on a vécu, ce qu’on a été, on arrive ici, il faut remettre les compteurs à zéro. Se reconstruire. C’est cet aspect-là que je voulais montrer. »

Pour autant, si l’histoire du jeune Adolphe est ancrée dans un réel que l’on reconnaît, après tout, Adolphe arpente le boulevard Provencher, l’auteur tient à rappeler qu’il s’agit d’une fiction, il l’indique d’ailleurs en préambule de son livre.

« À l’exception des noms de lieux, d’institutions, de peuples ou de personnalités connus, toute ressemblance avec des personnages, des faits réels ou toute autre coïncidence ne relèverait que d’un simple fait du hasard. » Et c’est quelque chose dont Pierre Minkala-Ntadi est fier.

D’un pan de l’histoire en particulier, qui se déroule, sans trop en dire, dans un camp de réfugié.

« C’est le chapitre que j’aime le plus. Parce que je me dis que j’ai été capable de construire une histoire que je n’ai jamais vécue à partir de bribes d’informations que j’ai entendues ou lues. »

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