Avec certaines informations de Jonathan SEMAH.

Difficulté de rétention et de recrutement, par exemple. Si cette profession est essentielle pour le bon développement de nos petites têtes blondes, elle manque encore de reconnaissance.

Lorsque l’on pense aux Centres d’apprentissage et de garde d’enfants, l’on ne réalise pas toujours l’importance de ces établissements en matière de pédagogie et de développement de l’enfant.

Par conséquent, les éducateurs et éducatrices en jeune enfance jouent un rôle essentiel, souvent trop sous-estimé et méconnu. Il ne s’agit pas seulement d’un service de garde, comme le souligne Erin Vandale, professeure en éducation de la jeune enfance à l’Université de Saint-Boniface.

Erin Vandale est professeure en éducation de la petite enfance à l’Université de Saint-Boniface.
Erin Vandale est professeure en éducation de la petite enfance à l’Université de Saint-Boniface. (photo : Hugo Beaucamp)

« C’est une période de la vie des enfants qui est cruciale et les éducateurs veillent au bon développement des enfants sous de nombreux aspects. Langagier, cognitif, socioaffectif, physique aussi. Ils apportent indirectement un soutien aux parents et cela aussi influe sur le développement de l’enfant. Quand les parents vont bien, les enfants aussi. »

Quant à savoir quelle forme prend ce travail, Alexandre Ambec, éducateur en jeune enfance au centre d’apprentissage Les P’tits Brisous, à La Broquerie, nous en dit plus.

« Au quotidien, on va observer les enfants afin d’identifier les défis éventuels auxquels ils peuvent faire face ».

Les défis dont il est question ici peuvent être nombreux et variés. Par exemple, des difficultés de développement physique, ou mental, ou des difficultés à gérer ses émotions.

« En fonction de nos observations, on va pouvoir mettre en place des activités pour travailler sur ces défis-là. »

L’éducateur fait tout de même valoir que « tout ce que l’on fait, on le fait à travers le jeu. L’enfant apprend en s’amusant ».

Dans les cas où cela est nécessaire, les éducateurs en jeune enfance peuvent aussi recommander les enfants à des professionnels de la santé, comme des physiothérapeutes entre autres. Ces derniers pourront apporter du soutien supplémentaire à l’enfant et aiguiller, les parents d’abord, mais aussi l’éducateur.

Alexandre Ambec insiste sur le fait qu’il s’agit d’un « métier passion ».

« Quand on a des enfants qui ont des défis, on met tout en place pour ces enfants. C’est parfois frustrant, parce que les choses ne fonctionnent parfois pas aussi vite qu’on le souhaiterait, les familles sont parfois dans le désarroi et c’est touchant. On prend les choses avec cœur. »

Au-delà des aspects physiques et émotionnels du développement, c’est aussi dans les centres d’apprentissage que les enfants vont développer leur esprit critique et se familiariser avec certaines notions sociales comme l’inclusion et la diversité. 

Là encore, il incombe aux éducateurs d’aborder ces thèmes-là.

Dans les programmes d’éducation à la jeune enfance de l’USB, c’est sur le principe de permettre un développement optimal de l’enfant que repose le cœur du cursus. On est d’ailleurs bien conscient de l’impact qu’un éducateur peut avoir sur la vie des enfants.

« La relation que l’on bâtit avec les enfants et leur famille est à la base de tout », souligne Erin Vandale.

Des salaires en hausse

Selon Erin Vandale, le métier manque encore de reconnaissance.

La Province en est d’ail- leurs consciente, c’est pourquoi le salaire de ces professionnels a été tout récemment augmenté, avec le soutien du gouvernement fédéral.

Une augmentation qui pourra aller jusqu’à 5 $ par heure selon le niveau de certification et la taille de la garderie.

Par exemple, un éducateur en jeune enfance (EJE) de niveau 2 aura désormais, selon la grille salariale de l’apprentissage et de la garde de la petite enfance du Manitoba, un salaire de 27,56  $ de l’heure, contre 22,90 $ avant cette annonce. Ces changements sont rétroactifs au 1er avril 2025.

Cette hausse de salaire devrait avoir un impact sur la rétention de professionnels en petite enfance espère la ministre manitobaine de l’Éducation et de l’Apprentissage de la petite enfance, Tracy  Schmidt.

« L’augmentation des salaires est essentielle à notre stratégie de recrutement et de maintien en poste alors que nous continuons d’élargir les services et de créer de nouveaux établissements de garde d’enfants dans la province. »

Quelle formation?

L’USB compte aujourd’hui deux programmes de deux ans, aux cursus similaires, qui mènent vers un diplôme d’éducation à la jeune enfance.

Le programme « milieu de travail » est réservé aux personnes qui ont déjà un an d’expérience dans le domaine et qui ont un emploi à temps plein. Ces étudiants vont à l’école trois jours par semaine tout en étant payés pour cinq jours de travail.

« C’est une initiative qui vient de la province du Manitoba. Le gouvernement paye les centres pour l’emploi d’un suppléant. »

Une initiative pensée pour encourager les Manitobains à se tourner vers ce chemin professionnel.

Ensuite il y a le programme régulier, où les étudiants font des stages à la fin de chaque semestre.

Dans le programme milieu de travail, Erin Vandale indique que l’USB compte environ une quinzaine d’élèves chaque année. Le programme régulier en compte moins, « à peu près une dizaine ».

Sur le sujet de la formation, le gouvernement met la main à la pâte, en remboursant par exemple les frais de scolarité pour les citoyens et résidents permanents du Canada.

Il est également à noter que les difficultés de recrutement sont aussi dues en partie au fait que les hommes se font rares dans ce milieu.

« Seulement 4 % des personnes qui travaillent en service de garde sont des hommes », regrette Erin Vandale.

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