Chantallya Louis

Le 3 octobre, les députés fédéraux éliront la personne qui succèdera à Anthony Rota, qui a démissionné de la présidence des Communes le 26 septembre.

Même si le président n’est pas obligé de maitriser les deux langues officielles, la vice-présidence doit nécessairement maitriser parfaitement la langue officielle qui n’est pas celle du président, selon l’article 7 du Règlement de la Chambre des communes.

Selon Roger Ouellette, professeur en sciences politiques à l’Université de Moncton, ce sont les relations interpersonnelles qu’entreprend le candidat qui seront prises en considération lors du vote.

« Est-ce que c’est quelqu’un qui est aimable, est-ce que c’est quelqu’un avec qui on peut travailler facilement? Est-ce que c’est quelqu’un qui est perçu, même si c’est une allégeance politique, vraiment quelqu’un qui peut faire ce travail de manière honnête, pas tomber dans la partisanerie ; c’est tous ces éléments-là qui rentrent en ligne de compte », soutient-il.

Impartialité nécessaire

Le président élu dans la Chambre a la responsabilité de maintenir le décorum lors des débats. « [Il] maintient l’ordre durant les délibérations et protège les droits et les privilèges de la Chambre », peut-on lire sur le site de la Chambre.

« C’est peu l’arbitre de la Chambre », explique Roger Ouellette.

Même si le président provient d’un parti politique distinct, il doit se montrer impartial dans ses décisions. Et dans cette optique, il ne participe jamais au débat, et ne vote qu’en cas d’égalité des voix.

-Encadré-

Le 27 septembre dernier, le député bloquiste Louis Plamondon est devenu le président intérimaire de la Chambre des communes du Canada à la suite de la démission d’Anthony Rota.

Les députés en lice

Tous les députés qui ne font pas partie du cabinet ministériel ou qui ne sont pas chefs d’un parti officiel sont automatiquement en lice pour présider la Chambre.

Les députés qui ne souhaitent pas occuper le rôle de la présidence doivent le signaler au greffier pour être retirés de la liste des candidats à la présidence avant le vote préférentiel.

-Encadré-

Liste des candidats qui ont manifesté leur intérêt au moment de la publication : 

  • Greg Fergus, député libéral de Hull–Aylmer (Québec), bilingue. Il est secrétaire parlementaire de la présidente du Conseil du Trésor et du ministre de la Santé.

  • Alexandra Mendès, députée libérale de Brossard–Saint-Lambert (Québec), bilingue. Elle occupe le rôle de vice-présidente adjointe de la Chambre et vice-présidente adjointe des comités pléniers.

  • Sean Casey, député libéral de Charlottetown (Île-du-Prince-Édourad), unilingue anglophone. Il préside le Comité permanent de la Santé.

  • Chris d’Entremont, député conservateur de Nova–Ouest (Nouvelle-Écosse), bilingue. Il est vice-président de la Chambre et préside des comités pléniers.

  • Carol Hughes, députée néodémocrate d’Algoma–Manitoulin–Kapuskasing (Ontario), bilingue. Elle est vice-présidente adjointe de la Chambre et vice-présidente des comités pléniers.

  • Peter Schiefke, député libéral de Vaudreuil–Soulanges (Québec), bilingue. Il préside le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités.
  • Stéphane Lauzon, député libéral de Argenteuil–La Petite-Nation (Québec), bilingue. Il est secrétaire parlementaire du ministre des Services aux citoyens.
  • Elizabeth May, députée de Saanich–Gulf Islands (Colombie-Britannique). Elle est la cheffe du Parti vert du Canada.

Seuls Chris d’Entremont et Carol Hughes représentent la francophonie hors Québec.

Se démarquer en tant que minorité

Roger Ouellette est ravi de voir des candidatures diverses à la présidence de la Chambre des communes.

« C’est intéressant d’avoir des députés provenant des minorités francophones qui réussissent à s’illustrer et puis avoir la confiance dans l’ensemble des députés de la Chambre. »

« Avoir une femme présidente de la Chambre, ce n’est pas juste symbolique, on envoie un message que les femmes occupent une place et elles sont reconnues », poursuit-il.

Chris d’Entremont, le Néoécossais

Acadien de la Nouvelle-Écosse, Chris d’Entremont est élu pour la première fois en 2019, et est devenu vice-président dans la Chambre des communes en 2021. Il a occupé la présidence occasionnellement en remplacement d’Anthony Rota.

Il souhaite créer une harmonie au sein des députés.

« [En tant qu’] Acadien de la Nouvelle-Écosse, on a une bonne façon de travailler avec les autres parce que notre existence dans la situation minoritaire dans les derniers 200 ans, 250 ans, on avait besoin de vraiment trouver une façon de travailler avec les autres […] donc c’est culturel, je dirais c’est presque génétique. »

Carole Hughes, la Franco-Ontarienne

Carole Hughes est vice-présidente adjointe à la Chambre des communes depuis la 43e législature. 

Députée néodémocrate de la circonscription Algoma–Manitoulin–Kapuskasing en Ontario depuis 2008, Carole Hughes est fière de ses origines franco-ontariennes. 

Si elle est élue présidente, elle deviendrait la première femme à occuper ce poste depuis la députée Jeanne Sauvé, en 1980.

« Je pense que ce serait bon pour la Chambre des communes d’avoir une femme [à la présidence] », avoue-t-elle. 

Tout comme Chris d’Entremont, elle souhaite pouvoir créer un climat coopératif au sein des députés de la Chambre.